Chypre adopte de nouvelles règles de retenue à la source pour les transactions avec des juridictions à faible fiscalité

25/11/2025

En avril 2025, Chypre a promulgué la Loi 47(I)/2025 (Journal officiel du 16 avril 2025), introduisant un cadre large de mesures fiscales défensives. Ces règles, faisant partie des engagements de Chypre envers l’UE et de l’agenda BEPS de l’OCDE, visent l’érosion de la base d’imposition et le transfert de bénéfices par le biais de paiements transfrontaliers de dividendes, intérêts et redevances. Les réformes imposent de nouvelles retenues à la source et interdisent certaines déductions sur les paiements effectués à des parties liées situées dans des juridictions « non coopératives » (listées par l’UE) ou à faible fiscalité. Selon la définition de la loi, une entité associée est une entité partageant 50 % ou plus de propriété ou de contrôle direct/indirect (ou détenue à 50 % par des parties communes), y compris les membres de la famille proche jusqu’au troisième degré.

Dividendes : Les paiements effectués par une société chypriote à une entité associée dans une juridiction non coopérative ou à faible fiscalité sont soumis à une retenue à la source de 17 %. (Cette retenue ne s’applique que lorsque le bénéficiaire est résident fiscal d’une NCJ/LTJ et qu’il existe un lien ≥50 % entre les entités.)
Intérêts : Les paiements d’intérêts aux entités associées dans des juridictions non coopératives entraînent une retenue à la source de 17 %. En revanche, les intérêts payés à une entité associée dans une juridiction à faible fiscalité (taux effectif < 6,25 %) ne sont pas déductibles à des fins fiscales à Chypre.
Redevances : Les paiements de redevances versés à des entités associées situées dans des juridictions non coopératives sont soumis à une retenue à la source de 10 %. Les redevances versées dans une juridiction à faible fiscalité ne sont pas déductibles du revenu du payeur chypriote.

Les règles de retenue à la source pour les paiements vers des juridictions figurant sur la liste noire sont entrées en vigueur le 16 avril 2025 ; les mesures concernant les juridictions à faible fiscalité (non-déductibilité des intérêts/redevances, ainsi que les dispositions relatives aux conventions fiscales) s’appliquent à partir du 1er janvier 2026. Il est à noter que ces règles internes prévalent sur tout allègement prévu par les conventions fiscales bilatérales (DTT) de Chypre : si un pays est classé comme non coopératif ou à faible fiscalité selon le droit chypriote, les exonérations prévues par les conventions ne peuvent pas être invoquées. Chypre doit renégocier toute convention qui empêchait auparavant Chypre d’imposer les dividendes, intérêts ou redevances, dans un délai de trois ans.

Comme les nouvelles règles s’appliquent uniquement entre parties « associées », les entreprises doivent examiner attentivement leurs chaînes de propriété et de contrôle. L’Administration fiscale chypriote peut ignorer ou requalifier tout arrangement dépourvu de substance économique réelle et mis en place principalement pour éviter la retenue à la source. En pratique, les payeurs doivent conserver toute la documentation relative aux dividendes, intérêts ou redevances versés à des entités étrangères liées pendant six ans. Si un payeur chypriote ne fournit pas les documents requis, des sanctions strictes s’appliquent : les amendes vont de 2 000 € (retard mineur) jusqu’à 10 000 € en cas de non-conformité. (Ces obligations documentaires s’appliquent généralement, sauf si le bénéficiaire est résident de Chypre, de l’UE/EEE, fait partie d’un groupe multinational imposé à ≥15 % selon la taxe minimum mondiale, ou appartient à un groupe consolidé n’ayant aucune activité dans des pays figurant sur la liste noire.)

La loi chypriote fait explicitement référence à la Liste de l’UE des juridictions non coopératives, de sorte que les contribuables doivent surveiller les changements. Comme la liste noire est mise à jour périodiquement, le statut d’une juridiction (et donc le traitement fiscal des paiements qui y sont effectués) peut changer à tout moment. En résumé, les entreprises concernées doivent revoir tous les flux sortants de dividendes, intérêts et redevances, ainsi que la résidence de chaque contrepartie. Les sociétés doivent examiner leurs structures transfrontalières et leurs chaînes de paiements. En particulier, les entités résidentes de Chypre devraient :

• Identifier tout paiement de dividendes, intérêts ou redevances vers des juridictions désormais désignées comme non coopératives ou à faible fiscalité.
• Déterminer si les entités bénéficiaires sont « associées » (p. ex. détenues ou contrôlées à ≥50 % par le payeur, directement ou indirectement).
• Calculer les nouvelles obligations potentielles de retenue à la source et les limites de déductibilité prévues par la loi.
• S’assurer que les entités étrangères disposent d’une substance économique réelle et maintenir la documentation (comptes, contrats, certificats de résidence fiscale, etc.) pendant au moins six ans.
• Suivre les évolutions – y compris les futures renégociations de conventions et les mises à jour de la liste noire de l’UE – car les changements peuvent affecter immédiatement la conformité fiscale à Chypre.

En adoptant ces mesures, les entreprises et leurs conseillers peuvent s’adapter au nouveau cadre, éviter les mauvaises surprises et assurer une conformité fiscale continue à Chypre.

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Sources : Loi chypriote 47(I)/2025 (Journal officiel du 16 avril 2025) et analyses fiscales explicatives