Droit comparé France–Monaco : les actions de préférence et la réforme de 2025

26/05/2025
La loi monégasque n° 1.573 du 8 avril 2025 a profondément modernisé le droit des sociétés à Monaco en introduisant, pour la première fois, un régime clair des actions de préférence (articles 56 à 58). Ce mécanisme, déjà bien connu en droit français, permet aux sociétés d’émettre des actions assorties de droits particuliers, offrant ainsi davantage de flexibilité juridique et financière.
 

Qu’est-ce qu’une action de préférence ?

Il s’agit d’une action conférant à son titulaire des droits dérogatoires par rapport aux actions ordinaires. Ces droits peuvent être financiers, politiques ou informationnels. Elles peuvent être émises avec ou sans droit de vote, de façon permanente ou temporaire, selon les statuts.

Exemples de droits particuliers :
  1. Droits financiers :
    1. Dividende prioritaire ou majoré
    2. Droit au boni de liquidation avant les autres actionnaires
    3. Participation accrue aux bénéfices
    4. Clause de retour à meilleure fortune
  1. Droits politiques :
    1. Suppression ou aménagement du droit de vote
    2. Droit de veto sur certaines décisions stratégiques
    3. Droit de nomination statutaire à un poste de direction
  1. Droits d’information :
    1. Droit de consultation renforcé
    2. Rapport spécial du commissaire aux comptes sur le respect de ces droits



France vs Monaco

En France, ces actions sont régies par le Code de commerce et largement utilisées dans les sociétés par actions (SA, SAS, SCA) pour organiser la gouvernance ou attirer des investisseurs tout en préservant le contrôle fondateur.
A Monaco, la réforme de 2025 aligne désormais le régime sur ce modèle, tout en introduisant un encadrement similaire :
  1. Limitation à 50 % du capital pour les actions sans droit de vote
  2. Plafond à 25 % pour les sociétés cotées
  3. Pouvoir exclusif de l’assemblée générale extraordinaire pour toute émission ou conversion
Un mécanisme de contrôle spécifique est également introduit à Monaco : les porteurs d’actions de préférence peuvent, en assemblée spéciale, mandater un commissaire aux comptes pour vérifier le respect de leurs droits particuliers.



Un outil stratégique pour investisseurs et fondateurs

La convergence des régimes français et monégasque renforce l’attractivité de la Principauté. Elle permet désormais aux sociétés monégasques de structurer leur capital de manière fine et d’accueillir des investisseurs avec des droits adaptés, tout en sécurisant les relations entre actionnaires.

Il conviendra toutefois de tenir compte de cette répartition particulière des droits dans l'identification du bénéficiaire effectif au sens de la loi n° 1.362 du 3 août 2009 relative à la lutte contre le blanchiment de capitaux, le financement du terrorisme, de la prolifération des armes de destruction massive et la corruption, dans le cadre de l’inscription au registre des bénéficiaires effectifs.


Pour plus d'informations, merci de contacter Stephane Alexandre, Head of Legal: s.alexandre@rosemont.mc